Le poing sur la dioxine.

Nguyên Ngoc Quy 

Nombre d'entre nous pensons que la dioxine est une page tournée de la guerre dite américaine au Viêt Nam. En réalité, il n'en est rien. Depuis deux ans, une campagne politico-médiatique savamment orchestrée a été déclenchée sur le plan international. Une mise au point sur ce dossier s'impose. 

Le monde entier savait que l'armée américaine utilisait en grande échelle la dispersion d'un défoliant puissant dénommé Agent Orange le long de la piste Hô Chi Minh pour débusquer les combattants communistes "nés au Nord, morts au Sud" dans leurs mouvements d'infiltration vers le Sud. En effet, à la suite de la résolution "top secret" 15 de janvier 1959, le Parti communiste nord-viêtnamien (PCVN) décida de remettre en service cette fameuse piste utilisée pendant la guerre de résistance contre les colonialistes français et laissée en abandon après Diên Biên Phu. Un commando spécial fut organisé en mai 1959 (mai étant le 5è mois de l'année) avec, pour commencer, 40 volontaires et baptisé 559. A la fin de la guerre, ce chiffre atteignait presque 200.000 d'après le général Dông Si Nguyên, commandant de cette unité.

Cette piste partant du niveau de Dông Hoi (Centre Viêt Nam) devenait, par la suite, d'après le même général, une voie de roulement pour 5 files de camions, avec de multiples détours-abris latéraux en cas de bombardements américains. Le tracé longeait la frontière viêtnamo-laotienne, enjambait sans scrupules la frontière pour passer en territoire laotien, puis, se redivisait en 5 branches descendant la partie orientale du Cambodge pour aboutir à quelques dizaines de kilomètres de Sàigon.

Quant à l'action défoliante de l'Agent Orange qualifiée à l'époque de redoutable et d'hyper-durable par les journalistes étrangers en poste au Viêt Nam, M. Hà van Diêp, responsable militaire viêtcong de Phu Hiêp (près de Cu Chi) reconnut, lors d'une conversation filmée avec des journalistes allemands, que "les feuilles des arbres tombaient toutes au bout de 3 jours, je cite, mais que, dès les premières pluies, elles repoussaient comme si de rien n'était" !

Encore un mythe à évacuer. Tout comme celui de l'agression américaine, mythe qui se perpétue encore jusqu'à nos jours, alors que l'armée américaine, débarquée au Viêt Nam en 1965, ne fit que venir au secours de son allié sud-viêtnamien voué à une annexion militaire décidée dès janvier 1959 par le PCVN du Nord, sous la houlette de Hô Chi Minh. 

Revenons-en à la dioxine qui aurait provoqué des malformations congénitales en grande échelle parmi la progéniture des combattants communistes nordistes.

Dans le numéro 27 spécial de notre revue pour débuter l'année du Cochon de 1995, le docteur Pham Ngoc Toa, président de l'Association des Professions de Santé du Viêt Nam Libre, a publié une lettre ouverte au Président du Conseil de Surveillance de la chaîne Arte qui a programmé "Le Viêt Nam après l'enfer" le 11-02-95. Ce "grand documentaire" vanta le travail en coopératives (forcées) et insinua ouvertement que les boat people fuyaient leur pays pour se soustraire à ce genre de travail "constructif et volontaire", après que PCVN les eut traités pendant 20 ans de traîtres, de renégats, de valets des impérialistes, de domestiques des capitalistes des occidentaux. Le docteur Toa trouva ces insultes inadmissibles pour la mémoire d'un demi-million de réfugiés de la mer morts sur l'océan, dans une fuite éperdue à la recherche de la liberté.

Sur le plan médical, il protesta contre les multiples tentatives d'accusation et d'insinuation de l'effet néfaste de l'Agent Orange sur la santé de quelques malades et de quelques enfants malformés. A l'appui de la démonstration de l'effet tératogène de la dioxine contenue dans l'Agent Orange, le "grand documentaire" montra des bocaux de fœtus malformés que le pouvoir communiste avait l'habitude d'exhiber devant tous les visiteurs étrangers, scientifiques ou journalistes. De fait, ces bocaus étaient entreposés à la Maternité Tu Du de Sàigon aux fins pédagogiques depuis l'époque coloniale. J'écrivis également dans le même sens, à titre personnel, à M. Bernard-Henry Lévy, président du conseil de surveillance d'Arte et, –coincidence?-, on note une accalmie sur le front médiatique jusqu'en 2001. Entre-temps, le Comité de Recherches viêtnamien sur la dioxine fut démantelé au début de l'an 2.000.

En juillet 2.001, surprise. France 2 mit à son programme Envoyé Spécial un documentaire réalisé par François Ponchelet, journaliste peu connu sauf dans les milieux gauchistes. Le film tourna autour de 2 grands thèmes:

1.                   la dioxine, après 30 ans, continue à provoquer des malformations congénitales au Viêt Nam

2.                   Les Etats-Unis ont le devoir d'indemniser les parents d'enfants victimes et d'aider le Viêt Nam à purifier son environnement;

A vrai dire, le film fut un chef-d'œuvre de désinformation. La responsable d'Envoyé Spécial affirma d'emblée que l'Agent Orange déversé par l'Armée américaine pendant la guerre devenait un poison en temps de paix.

On vit ensuite se succéder à l'écran des "scientifiques patriotes" qui débitèrent des banalités suivies par des images des lieux arrosés de défoliants, des quantités déversées voire des cartes secrètes de l'armée américaine mentionnant des cibles à défolier.

La doctoresse Phuong, directrice de l'Atelier d'Accouchement (terme vulgaire des communistes pour désigner la Maternité) Tu Du présenta quelques enfants atteints de malformations, puis, de nouveau, ces fameux bocaux de fœtus malformés;

Le professeur Hoang Dinh Cau se lança dans des explications du syndrome de dysgénésie des membres. A aucun moment absolument, aucun de ces scientifiques n'affirma que les malformations étaient le fait de l'Agent Orange. Ponchelet misait sur l'esprit d'escalier du télé-spectateur français non averti devant la progression des images diaboliquement montées.

Le sale boulot était réservé aux ignares scientifiques tels le général Nguyên Don Tu ou M. Chuck Searcy, directeur de la Caisse de l'Association des Vétérans de guerre américains.

Le général Tu a deux filles; L'aînée, âgée de 29 ans et demi, est normale et intelligente; la cadette agée de 28 ans est une oligophrène caractérisée. Durant la gestation de l'aînée, le général Tu était à Hà Nôi. Par la suite, il participa à la bataille de Quang tri en 1972 où il devait patauger dans des zones traitées par l'Agent Orange. Bien entendu, c'est la raison, dit-il, pour laquelle sa fille cadette est une idiote psychiatrique.

M. Chuck Searcy s'en tira avec moins de difficulté: en examinant 5.000 dossiers des anciens combattants viêtcông, il a dénombré 300 enfants atteints de malformations, affirma-t-il. Il soutint qu'on ne pouvait pas nier la relation de cause à effet avec la dioxine, car, dit-il avec force, un grand nombre de personnes y croyaient !

Sur le plan scientifique, le film évoquait des travaux de recherches d'une compagnie canadienne indépendante Halfield Consulting Co limited. Cette compagnie avait trouvé dans le sang de femmes vivant dans une zone particulièrement exposée un taux de dioxine de 50 fois supérieure à la moyenne acceptable, concentration léthale pour un rat de laboratoire. Le télé-spectateur français moyen est à mille lieues de savoir que le cobaye est un animal extrêmement sensible à la dioxine, mais seulement le mâle. La femelle, elle , est insensible (fait remarquable signalé dans le Rapport de l'Académie des Sciences de France rendu public en septembre 1994).

Se présenta ensuite à l'écran la sommité scientifique du PCVN, le professeur Le Cao Dai, directeur de l'Organisme de Recherche sur l'Agent Orange. Les recherches qu'il dirige, dit-il, démontrent que l'Agent Orange ne se fixe pas sur les végétaux; on peut donc consommer sans crainte le riz, le café, les fruits exportés par le Viêt Nam. La dioxine ne se fixe que sur les espèces vivantes telles que les poissons, les gambas, etc… Cependant, précisa bien le professeur Le Cao Dai, le Viêt Nam n'exporte, sur ce chapitre, que des produits de la mer. Or, tout le monde sait que dans tous les magasins de produits asiatiques, en Europe comme aux Etats-Unis, les rayons de produits de la pêche regorgent des poissons d'eau douce et de tôm càng (gambas d'eau douce). Ce n'est pas le procès récemment perdu aux Etats-Unis par les exportateurs viêtnamiens de catfish (poisson-chat) qui irait dans le sens des déclarations de l'éminent professeur. Aux dernières nouvelles, il serait passé la vie à trépas.

Avis donc aux touristes qui se rendent au Viêt Nam. Si l'on accorde quelque crédit aux résultats de recherches du professeur Le Cao Dai, les poissons et les crustacés d'eau douce sont largement pollués par la dioxine au Viêt Nam.

Le dernier personnage et non des moindres à apparaître sur l'écran dans le film de Ponchelet fut Madame Nguyên thi Binh, vice présidente de l'Etat. On la voyait présider une fête des jeunes des minorités ethniques, où elle essayait de consoler une petite fille en pleurs, se lamentant sur la misère de sa famille et de l'état gravissime de sa sœur cadette atteinte de malformations. Madame la vice présidente se mit alors, toute honte bue, en devoir de quémander de vive voix l'aide américaine.

Pour clore le chapitre du film de F. Ponchelet, je n'avancerai qu'une seule observation: il semblerait que seuls les soldats de l'Armée Populaire (communiste) sont victimes dans leur descendance de l'Agent Orange. Les combattants de l'Armée de la République du Sud-Viêt Nam seraient, quant à eux, totalement immunisés contre ce risque. Dans le film tourné par des journalistes allemands, on entend, à plusieurs reprises, les membres de famille des malades attribuer leur mauvais sort à une juste punition du ciel contre ceux qui ont tué trop de gens; ce qui relèverait d'une métaphysique bien au-dessus du matérialisme dialectique.

Du côté matérialiste, nous apprenons de la bouche de F. Ponchelet, après le passage de son film, que, pour obtenir l'établissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis en 1995, les communistes viêtnamiens se sont engagés à ne pas réclamer de dommages de guerre, d'où cette tentative de chantage à l'humanitaire. 

En 2002, du 3 au 5 mars, se tient à Hà Nôi une conférence internationale sur les effets indésirables de l'Agent Orange, conférence financée par les Etats-Unis. On note la présence de deux vice-premiers ministres viêtnamiens et de l'ambassadeur américain, avec la participation de 300 "scientifiques" viêtnamiens et de 120 chercheurs étrangers venant de différents pays: Etats-Unis, Australie, Canada, Angleterre, France, Allemagne, Italie, Japon, Corée du Sud, Laos, Nouvelle Zélande, Norvège, Russie, Singapour, Suède, Taiwan.

Cependant, le Viêt Nam interdit toute présence de la presse internationale, ce qui lui vaut une vive protestation américaine.

L'AFP rappelle que dans le passé, le Viêt Nam interdit rigoureusement aux scientifiques étrangers de prélever des échantillons nutritionnels aux fins d'analyse, de peur que les résultats n'aboutissent à des conclusions néfastes aux exportations des produits de l'agriculture et de la pêche.

En ce qui concerne l'Agent Orange, voici le texte du reporter Geoft Thompson chargé de couvrir la région de l'Asie du Sud-Est:

"La conférence est ouverte une semaine exactement après le déni de validité par l'Institut d'Etudes de Pharmacie américain d'un rapport rendu public peu de temps auparavant. Ce rapport s'est basé sur une enquête réalisée en Australie; les chercheurs australiens ont démontré que la descendance des anciens combattants australiens au Viêt Nam est affligée d'un taux de leucémie très élevé.

Cependant, cette conclusion vient d'être démontrée comme faussée, dès lors que les chercheurs australiens eurent reconnu de graves erreurs dans le processus de leurs recherches.

Le problème à cerner comporte à l'heure actuelle deux facteurs: les "victimes" mises au contact de l'Agent Orange, c'est-à-dire la dioxine; le taux élevé des cancers chez ces victimes et de malformations dans leur descendance. Reste à démontrer la relation entre ces deux facteurs, parmi les victimes viêtnamiens comme parmi les anciens combattants australiens".

Le reporter de l'Associated Press indique qu'à la suite de la véhémente protestation de l'Ambassadeur américain, les autorités viêtnamiennes autorisent la présence de deux journalistes pendant les séances d'ouverture et de clôture de la Conférence.

En marge de la Conférence, le président de la Croix rouge viêtnamienne presse les Etats-Unis de venir en aide aux victimes de l'Agent Orange.

Le porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères, Madame Phan Thuy Thanh (limogée depuis quelques mois) déclare que les Etats-Unis ont une responsabilité morale et spirituelle vis-à-vis des victimes de l'Agent Orange. Il s'agit, dit-elle, d'une question humanitaire urgente. Les Etats-Unis devraient participer concrètement à la résolution des conséquences de la guerre. Le Viêt Nam estime à plus d'un million de victimes de la dioxine parmi lesquelles des dizaines de milliers de malformations et d'autres maladies congénitales.

Du côté américain, le chef de la délégation, le docteur Christopher Portier déclare que toute victime de la dioxine, viêtnamienne ou américaine mérite une indemnisation à condition d'en apporter des preuves scientifiques. 

En 2003, au mois d'août, le docteur Arnold Schecter publie dans Journal of Occupational and Environnemental Medecine, vol. 45, Number 8, un article intitulé "Food as a source of dioxine exposure in the Residents of Biên Hoà City, Viêt Nam". Le choix de Biên Hoà comme site d'études est dû au fait qu'il abrite pendant la guerre la plus importante base d'aviation américaine avec un stock énorme de défoliant. La 2ème raison est qu'en 1971, est découverte une fuite d'environ 19.000 litres d'Agent Orange qui ont pénétré dans le sol.

Depuis 1995, le docteur Schecter est autorisé par les communistes à faire des prélèvements de sang humain et d'éléments nutritionels aux alentours de la ville. Quelle fut la surprise du Dr. Schecter lorsqu'il lui fut interdit d'amener ces échantillons hors du Viêt Nam. Cette interdiction est vraisemblablement à relier à la crainte des autorités communistes qu'il soit découvert un taux élévé de dioxine dans ces denrées alimentaires (Voir Travaux de Le Cao Dai cités plus haut), ce qui ferait un tort considérable aux projets d'exportations viêtnamiennes. Par la suite, le docteur Schecter se rabat sur des échantillons de produits de mer exportés aux Etats-Unis. Cette étude, rapporte-t-il, ne retrouve pas de dioxine. Ceci lui vaut l'autorisation de sortir du Viêt Nam des échantillons nutritionnels.

Dans 6 sur 16 échantillons, Schecter trouve une concentration élévée de dioxine, et il se hâte de conclure que la santé de la population de Biên Hoà est gravement menacée par la dioxine. Toutefois, à la décharge du Dr. Schecter, son étude mentionne en même temps les concentrations de DDT, PCBs, HCH et HCB à des taux mille fois plus importants que celui de la dioxine. Cette présence n'a pas l'heur de retenir l'attention du Dr. Schecter. Pire, en prévision d'une conférence sur la dioxine à Hà Nôi en juillet 2003, il adresse un e-mail à ses correspondants à Hà Nôi et à ses amis scientifiques et techniciens des 5 continents dans lequel il écrit: "Le rapport montre que le taux de dioxine dans les denrées alimentaires exportées est extrêmement bas".

Rappelons, pour mémoire, qu'à la veille de l'ouverture de la Conférence de Hà Nôi en mars 2002, le docteur Schecter a rendu public un rapport scientifique explosif montrant que le sang de la population de Biên Hoà contient un taux de dioxine 203 fois plus élevé qu'un sang humain, après étude d'un échantillon unique de sang.

Ces conclusions orientées du Dr. Schecter font écrire par Steven Milloy, chercheur à Cato Institude, bio-statisticien, avocat, que les "scientifiques profitent largement d'un fonds fédéral de plus d'un milliard de dollars dénommé Fonds de Défense de l'Environnement. Le docteur Schecter de l'Université du Texas voudrait avor des crédits de recherches pour étudier l'influence de la dioxine sur la santé des viêtnamiens. De la même façon, le Viêt Nam pourrait travailler les activistes de l'environnement pour exiger des dédommagements des Etats-Unis. La dioxine occupe tellement le devant de la scène que la découverte, dans les années 80, par le docteur Schecter d'un taux de pollution grave de DDT dans la viande de poulet, de canard, et, en particulier, dans leurs œufs passe pratiquement inaperçue. 

En avril 2003, explose une autre bombe sur le front de la dioxine, non plus au Texax, mais à l'Université de Columbia. Jeanne Mager Stellman publie dans la revue Nature, numéro du 17 avril, un article avec un titre accrocheur "The extend and Patterns of usage of Agent Orange and other herbicides in Viêt Nam". Par de savants calculs, elle aboutit à une quantité de dioxine dispersée au Viêt nam de 336 kg au lieu de 170-180 kg communiqués par le Département de la Défense. D'après le même modèle mathématique, le nombre de victimes exposées s'élèverait à plus de 4 millions. Une demande d'informations complémentaires adressée par M. Mai Thanh Truyêt, au nom de l'Association Viêtnamienne de Scientifiques et de Techniciens en Californie à Nature, l'Université de Columbia et à l'Institut de Médecine n'a pas obtenue de réponse satisfaisante ni convaincante. Cependant, on apprend que la chercheuse bénéficie d'un crédit de recherches de 5 millions de dollars depuis 1998.

Cet état des lieux serait incomplet si j'oublie de mentionner les travaux de la Conférence de Stockholm en juillet 2002 réunissant un certain nombre de ONG "amies" sous le patronage du groupe Living Future et coordonnée par Al Burke (ce dernier est citoyen américain, pacifiste et anti américain, émigré en Suède en 1998). L'objectif de cette conférence est de crier au scandale, condamner les Etats-Unis et faire pression sur le plan moral et humanitaire pour que les Etats-Unis versent une indemnisation de 1.000 dollars à chaque victime. 

Nous voyons donc que la dioxine représente aux yeux du pouvoir communiste viêtnamien un moyen de pression, sous couvert de la justice, de l'humanitaire et du devoir moral, permettant de faire la poche à l'Oncle Sam. Le hic pour eux, c'est qu'ils ont dû renoncer à réclamer des dommages de guerre. Alors, on manœuvre. S'il est vrai que sur le plan scientifique, ces dirigeants en sont restés à un niveau vraiment primaire, en revanche, pour orchestrer des campagnes de propagande et de démagogie, ils sont passés maîtres. C'est un jeu d'enfant pour eux de persuader quelques personnes de bonne foi voire des scientifiques internationaux d'abonder dans leur sens. Hélas, les américains se font tirer les oreilles et exigent des preuves. 

La dernière manœuvre date de 2004; le PCVN ne s'embarrasse plus à tourner autour du pot.

Une Association des Victimes de l'Agent Orange est née à Hà Nôi le 10-1-04, sur décision du Ministère de l'Intérieur:

Madame Nguyên thi Binh, anciennne Vice Présidente de l'Etat, est Présidente d'honneur;

Le général Dang Vu Hiêp, ancien sous-directeur de la Direction Politique de l'Armée est Président.

Dès la séance de présentation, Madame Nguyên thi Binh met ses pieds dans le plat:

"Le gouvernement américain et les compagnies productrices du poison chimique Agent orange doivent endosser leur responsabilité intellectuelle, morale et juridique.

Les personnes ayant servi la République du Sud-Viêt Nam ne seront pas admises dans la liste des personnes à indemniser".

Le 5-2-04, l'Association fait déposer par son avocat Constantine P. Kokkoris une plainte devant le tribunal fédéral de Broklyn (New York) contre 37 centres de production chimique aux Etats-Unis en vertu de l'Alien Tort Claims Act avec trois principaux acteurs de l'accusation:

Phan thi Phi Phi, enseignant à l'Université de Hà Nôi, qui a fait 4 fausses couches de 71 à 73;

Nguyên van Quy, ancien combattant, atteint de cancer au poumon;

Duong Quynh Hoa, doctoresse, ancienne Ministre de la Santé du Gouvernement Provisoire du Sud, atteinte de cancer du sein, ayant fait deux fausses couches et perdu un garçon de moins d'un an dans le maquis.

Dans leur dossier, les plaignants attribuent leurs ennuis de santé à la pollution par la dioxine dans les aliments et l'eau, s'appuyant essentiellement sur les résultats des travaux du docteur Schecter qui a analysé 16 échantillons d'espèces vivantes, résultats positifs sur 6 des 16 échantillons comme j'ai rapporté plus haut.

Sans préjuger des décisions du tribunal fédéral américain, -car il se passe de drôles de choses devant les cours dites de justice-, nous voyons que le dossier scientifique du PCVN sur la dioxine paraît plutôt mince. Nous savons que toute décision du Politburo du PCVN a une motivation politique. Pourquoi cette volte-face qui, apparemment, ne sert que très mal les intérêts du Parti, obligé d'avancer dorénavant sans même le masque de l'humanitaire et de la justice, d'afficher ouvertement son cynisme de colonisateurs en excluant les sudistes de la liste des indemnisables?

Devant tant d'inculture et d'arrogance de colons vainqueurs, l'observateur le plus impartial a envie de taper du poing sur la table et crier:"Assez de bêtises !"

Nguyên Ngoc Quy

31-3-04